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Les Carnets de Colette
12 mars 2012

la vile technique de l'auto-larguage ou comment se débarasser d'un cadavre

Cher Carnet,

Depuis l'épisode malencontreux de la St Valentin, je me suis faite plutôt discrète rapport au Grand Blond.

Il est délicat de dire à quelqu'un "Tu es comme une boots trop petite, et mon côté Nadine est choqué par ta muflerie".

J'ai donc fait pire que ça : j'ai fait la morte.

Je sais, c'est mal...

Il y a un côté étrange avec ce genre de relation, c'est que dès qu'on fait la morte, on est intéressante.

C'est une équation fantastique (et maso) : Suis-moi, je te fuis, ou plutôt dans mon cas : Je te fuis tu me suis.

Comme je ne répondais pas à ses sms - comportement purement masculin je sais -, le Grand Blond est devenu une gonzesse.

Au début son ton était désinvolte : Hey Colette, cool cette soirée anti St Val ;-) On remet ça quand tu veux, j'ai de super DVD chez moi ;-)". J'ai mis trois jours pour répondre "Merci pour ton sms, je te tiens au courant, bonne journée".

Le message est clair non ?

Sur quoi il est monté en gamme : "OK si tu es dispo ce week-end, j'ai l'intégrale du Prince de Bel Air ;-)"

J'ai décidé d'être un mufle et de ne pas répondre à ce SMS, pour qui me prenait-il ?

Le vendredi soir, eploré, il a ajouté : "Alors dispo ? J'ai aussi une bonne bouteille de Champ' ;-)"

Comme c'était une invitation et que je suis polie j'ai répondu deux jours plus tard : "Désolée je suis pas dispo en ce moment, je te tiens au jus."

Le message est lapidaire n'est-ce pas ? Assorti d'un trivial "On se tient au jus" ! Je me transformais en mec à vue d'oeil !

Pendant ce temps, lui dérapait lentement et commençait à être vexé : "Colette, y a t-il un problème ? Tu as quelque chose à me dire ?", puis "Colette, il faut qu'on parle !"

Il devenait comme un cadavre que j'aurais dans ma voiture depuis une semaine, il fallait que je m'en débarasse !

Mais ma lâcheté l'emporta une dernière fois, malgré tout, je ne voulais pas lui faire de mal : "Désolée mais j'ai pas trop de temps, j'ai plein de choses à gérer en ce moment..."

Ca ne lui a pas suffi, deux minutes plus tard je recevais : "J'ai besoin de te voir", suivi de 3 appels.

Paralysée, je faisais comme si mon téléphone n'existait pas...

Finalement, j'ai pris mon courage à deux mains, parce qu'en fait je suis une femme et non un homme, et je lui ai donné rdv dans un bar insipide pour en finir en lui faisant comprendre que oui, il fallait qu'on parle. Je devais balancer le cadavre à l'eau, il commençait à sentir mauvais...

Malheureusement, il avait des habitudes tenaces et il a tenu à me convier à l'hôtel Costes. C'est devant un croque-monsieur à 15 € et une menthe à l'eau (appelée Minty Mighty Ice pour faire bien) au prix indécent, qu'il m'a annoncé qu'il voulait me voir car il devait absolument me parler.

Je soupirais d'avance et m'apprêtais à lui expliquer que pour moi ce n'était pas le bon timing, que j'avais trop de chantiers en cours dans ma vie pour consacrer du temps à un petit copain... Quand soudain, il m'a balancé : "Ecoute, Colette, je vois bien que tu n'es pas dedans, et je voulais te dire qu'en fait, ce n'est pas le bon TIMING pour moi..."

Moi (...) : ...

En fait le Grand Blond l'avait sentie venir, cette fin devant un croque Monsieur, et il était en train de me devancer afin de conserver son honneur ! J'étais cuite, je me faisais larguer malgré moi ! Ce fut mon argumentaire qu'il déroula sans ciller :

"En ce moment, ça bouge pas mal pour moi niveau boulot, comme tu as pu le constater, j'ai peu de temps à consacrer... Tu es une fille super mais mon travail au cabinet de Valérie (Pécresse NDLR) me prend beaucoup, et avec les élections qui arrivent, j'ai pas mal de déplacements, de meetings... Bref... On a passé de bons moments, et... si je t'avais rencontrée quelques mois plus tôt tu m'aurais connu plus attentif... Tu es vraiment une fille super..."

Non, il allait me sortir le coup de pelle final, celui que j'étais prête à lui asséner moi-même !

"Et ça me ferait très plaisir qu'on reste amis..."

Moi (cadavérique) : "Je préfère qu'on ne reste pas amis si tu le veux bien..."

"Colette, je comprends que c'est difficile pour toi d'appréhender une éventuelle amitié dans ces conditions..."

Comme d'habitude, je ne disais rien, je me suis juste levée en réalisant que je venais de m'autolarguer et qu'au moins j'éviterais d'éventuelles jérémiades de sa part... J'ai donc décidé de la jouer fine pour finir :

"Oui c'est ça, trop difficile de te revoir... (regard embué) Allez, je préfère en rester là... Oups, j'ai pas ma carte...Ca te dérange pas de m'avancer ?..."

Voilà, je me suis, en quelque sorte, fait auto-larguer et je me suis auto-invitée...

Je suis à la fois soulagée, et vexée... C'est comme se faire virer alors qu'on veut poser sa dem, ça fait mal à l'égo.

En tous cas, plus de cadavre dans le coffre, ça commence à devenir respirable !

Colette, auto-larguée !

 

20-costes

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Commentaires
D
En même temps, Colette, le mec aurait pas été trop collant puis trop orgueilleux au point de renverser la vapeur... t'aurais pas eu cette belle histoire à nous raconter. ça en serait rester au stade du vilain texto...
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