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Les Carnets de Colette
10 novembre 2012

Comment j'ai eu une révélation chez Paul Emploua

Cher Carnet,

 

J'ai passé beaucoup de temps à lire des livres ésotériques, à faire du yoga, à aller au ciné, et à boire des mojitos avec mes amis-qui-ont-une-vie-active. Mes ressources s'amenuisent, et même si je sais que j'ai le temps de voir venir (à peu près deux ans d'indemnités), je sens qu'il faut que je donne un sens à ma vie.

Je suis donc allée voir mon ami Paul, en espèrant qu'il me donne l'aide nécessaire à ma remise en question.
Son nom est Emploua bien sûr.

Il s'agit de Paul Emploua - cette blague est vraiment pourrie, je l'admets, mais elle me fait du bien vu le sinistre de la situation.

J'imaginais ce fameux Paul Emploua (à lire à voix haute phonétiquement si vous n'avez toujours pas compris) comme une personne chaleureuse, qui allait m'aider à me poser les bonnes questions pour trouver ce que je voulais vraiment faire dans la vie.
En fait, ça c'est le travail d'un psy, pas celui de Paul.
Emploua.

Paul n'est pas très aimable, et il n'aime pas vraiment perdre du temps avec les losers.
Je suis arrivée chez Paul Emploua avec des fleurs niaises dans la tête, parce que j'en fais tellement pousser en ce moment, que j'ai l'impression que la vie est un paradis.

Paul m'a vue arriver de loin, et il a décidé de briser tous mes espoirs. Lorsque j'ai franchi le seuil de chez Paul Emploua, j'ai été frappé par le sinistre de la désolation ambiante. Avais-je été jusqu'à maintenant une petite privilégiée sans avoir vu la vraie vie ? Chez Paul Emploua, tout semblait à la fois en plastique et sale et l'ambiance n'était pas des plus joyeuses. A quoi m'attendais-je ? Les orchidées dans ma tête commençaient à fâner dans le hall d'accueil.
J'avais le numéro 113, nous en étions au 28...

Au bout d'une longue attente où j'ai essayé de ne pas regarder la triste réalité de la situation en me plongeant dans un livre, un Monsieur est venu me chercher (sans doute ce fameux Paul).

Je lui ai tout d'abord expliqué ma situation, que le travaillais originellement à LaBanque ("LaBanque qu'il vous faut au moment où il vous la faut, c'est pas faux") et il a failli s'étouffer avec son café-de-la-machine quand je lui ai expliqué que j'y étais tellement malheureuse que j'étais partie en négociant une rupture conventionnelle. Il m'a regardée avec un air sévère et méprisant.

" "Epanouissement professionnel" : Ah, ah ah !"" a t-il simplement lâché.

Son pessimisme m'a choquée, mais je savais que j'avais pris la bonne décision.
Je lui ai demandé s'il était possible de faire une formation, Paul m'a toisée avec un sourire narquois aux lèvres.

"Ah ! Mais quelle naïveté... Les portefeuilles sont vides, c'est la CRISE,

colette_dec2

on ne finance plus de "formation"... Qu'est-ce que vous croyez ? Ce que les gens peuvent être crédules... Allez, signez-moi ce papier comme quoi vous vous êtes bien présentée, j'ai d'autres gens à déprimer..."

Je lui ai signifié que je n'avais toujours pas reçu mon versement mensuel, mais ça n'a pas eu l'air de l'embêter... Il faut absolument remplir un certain papier à un certain moment pour recevoir son versement à temps, le reste il s'en fout Paul Emploua.

A ce moment-là, une femme décharnée a passé sa tête par la porte, elle avait une voix stridente. "Paul, tu peux éviter d'imprimer les contrevenants de non présentation en couleurs ? Tu sais bien qu'on doit faire des économies !", puis elle est partie dans un courant d'air glacial.
Paul est devenue tout rouge et s'est énervé... "C'est Madame Lacrise, il faut toujours qu'elle la ramène, elle baisse même nos propres salaires !!!
Je deviens fou ici, je m'en fous, colette_decje vais me barrer et monter ma propre boite dans le privé! Rien-à-battre !!!!"

En sortant dépitée j'ai eu la surprise de croiser le Grand Blond. Il ressemblait à un épouvantail abîmé et avait perdu de sa superbe... "Avec les élections je me retrouve sans mission... En plus avec tout ce qui se passe à l'UMP en ce moment, Valérie Pécresse n'a pas le vent en poupe..."

J'avais envie de lui rétorquer : "Un comble pour un mec qui critiquait les assistés !", mais bien sûr, j'ai tourné ma langue sept fois dans ma bouche... "Pauvre Valou..." ai-je répondu.

Cette visite chez Paul Emploua m'avait vidée, j'oscillais entre la déprime et l'énervement...C'est à ce moment-là que j'ai compris.
Lors de situation stressante, maintenant, je pense à mes orchidées et mes azalés, à mon petit ficus et au mini-mur végétal que j'ai entrepris dans ma cuisine -un projet ambitieux... Je me pose des questions sur les engrais, sur les croisements entre espèces, sur la lumière qu'il leur faut.
Tout ça me passionne de manière naturelle...

J'ai vu la lumière en passant devant le fleuriste en bas de chez moi...Je lui ai acheté quelques graines.

Il s'appelle Monsieur Sapouce. "Bonjour Colette, alors ce mur végétal ? Quelle patience vous avez !  Dites-moi, un ami paysagiste recherche une assistante pour une création de jardin d'hiver... Ce serait pour quelques jours... J'ai pensé à vous, ça vous dirait ?"

Pour la première fois de la journée, j'ai souri...

Colette, flower power, épanouissement professionnel et cie.

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Commentaires
T
Ouais, Paul est spécial. Heureusement il a des prestataires parfois plus sympa. Moi j'y vais toutes les semaines! Mais pour la formation, c'est pas donné...<br /> <br /> Bon courage avec les fleurs!
M
Ton blog est super j'adore ta façon d'écrire. Tu devrais faire des articles plus souvent, nous n'attendons que ça! ;)
H
tu devrais faire une formation chez un pépiniériste...<br /> <br /> Chez moi, je balance des graines de récup' dans des pots et j'attends. Et ça pousse!<br /> <br /> En ce moment 3 agrumes (je sais plus si c'était des pépins de citron, d'orange ou de pamplemousse) et 2 pins.
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